En tournage
A la fin des années 80, Jin Bo avait à peine 11 ans, et il découvrait la peinture occidentale. Ce sont des années de construction, suggère-t-il, où “(je) découvre la Renaissance italienne, et cette étrangeté de la réalité qui (me) semblait sortie d’un rêve.” La Chine populaire ne tenait pas les mêmes repères. L’enfant s’initie, se familiarise à des couleurs différentes, puis il découvre un peu plus tard l’impressionnisme, l’abstraction et le conceptuel. “A ce moment-là, je me suis éloigné des livres, et des expositions aussi, parce que je voulais rester avec ma peinture et l’aider à se construire, sans influence.” Son arrivée en France n’a rien changé. Depuis quinze ans, il en est ainsi. Ce n’est pas un hasard si sa dernière série prend ce nom solitaire.
Jour après jour, la peinture se limite donc à l’essentiel. Sur la toile ne subsistent que le sentiment, la fluctuation du doute, en somme une humanité qui est le lien, la véritable lumière du travail. Sans doute que sa venue à la “Porte Grenade” tient là une part d’explication. Le partage de la lumière est un sentiment commun, que l’atelier toulousain entretient dans ses collaborations. “Je pense à ce que les éclairages de Kossi peuvent apporter à mon travail. Une toile éclairée, peut encore être lue de façon différente”, suggère alors le peintre.
Il s’agirait donc d’une possible parenté entre le tableau et le futur objet lumineux. L’éclairage viendrait de l’intérieur. En fait, l’oeuvre de Jin Bo fonctionne déjà de cette façon. Le paysage intérieur respire une clarté semblable à celle du paysage. C’est d’un sentiment qu’il s’agit, d’un souvenir fondateur ou d’une reminiscence voulue. La lumière de Kossi suit un chemin identique. Elle va dans la profondeur du tableau et révèle en partie l’intimité du lieu. En somme ce qu’il nous reste d’humanité.
Roger Calmé (ZO mag’)